mardi 18 décembre 2018

C'est parti pour une nouvelle vie !

Et voilà, après quelques jours pour se remettre du décalage horaire, il est temps de refermer à nouveau ce blog, non sans vous avoir raconté non pas le dernier épisode mais bien le début d'une nouvelle aventure, en France cette fois !

Vous en étiez restés à notre attente du visa de Louis... qui nous aura fait stresser jusqu'au dernier moment ! En effet j'avais changé les billets pour le vol Air France de mercredi soir... et mercredi matin, toujours pas de visa ! J'étais sur le point de changer à nouveau les billets lorsque Jairo m'a appelée pour me dire que le consulat l'avait averti que le visa était enfin prêt ! Ouf !

Le vol étant prévu à minuit, nous avions encore le temps de profiter de la journée, d'autant que notre propriétaire nous avait dit de simplement rendre les clés à Adriana en partant, le ménage étant fait par notre empleada. J'en profite donc pour retourner dans le centre faire mes derniers achats de souvenirs.

Là, premier contretemps : message d'Air France pour nous annoncer que notre vol ne partira pas avant 2h du matin. Agacée, je me console en me disant que ça permettra à Paul (qui m'avait supplié la veille de le laisser manquer ses cours de l'après midi pour venir à l'aéroport) de finalement accompagner ses grands-parents à Roissy pour nous accueillir.

L'après-midi se passe dans le bouclage des valises, et là, deuxième message d'Air France : le décollage n'est plus prévu pour 2h, mais pour 3h30 du matin !!! Nous prenons donc la décision de dîner tranquillement et très tôt à l'appartement, de façon à coucher les enfants pour leur permettre de prendre un peu d'avance de sommeil, jusqu'à minuit.

A minuit donc, on réveille la petite troupe, et nous voilà partis pour l'aéroport.



Arrivés là bas, on enregistre nos bagages (on devient très forts pour évaluer le poids de nos valises au jugé, elles font toutes entre 22 et 23kg !), on salue Jairo en le remerciant encore une fois très fort pour toute son aide, sa gentillesse et son humour, et on se dirige vers le contrôle de l'émigration.

Et là... patatras... Je pense qu'on est tombé sur le contrôleur le moins aimable de toute la Colombie et le plus tatillon. D'emblée, sans dire bonjour ni rien, il nous demande les passeports et les actes de naissance des enfants. Je lui donne les passeports, l'acte de naissance et le jugement d'adoption de Louis et lui explique que les filles ont un deuxième passeport français et que je n'ai pas leurs actes de naissances. Que n'avais-je pas dit là ! Avec un visage complètement fermé, il nous explique que c'est obligatoire et qu'on ne va pas pouvoir partir. Qu'il doit impérativement pouvoir vérifier que les filles sont bien nos filles (en gros, qu'on n'est pas en train de kidnapper des enfants !). Nous lui faisons part de notre surprise, dans la mesure où ce n'est pas la première fois que nous venons en Colombie avec nos aînées adoptées et qu'on ne nous a jamais jusqu'ici demandé de produire les actes de naissance (Jairo, appelé, nous confirme qu'il n'a jamais eu vent par aucune famille d'une telle demande).

Le superviseur est rameuté et nous voilà emmenés tous les 5 dans le bureau du grand chef qui nous explique qu'il va devoir faire une demande d'acte de naissance à l'état civil national mais comme il est 1h30 du matin, il n'est pas sûr qu'on nous réponde dans les temps pour notre vol. Il nous incite fortement à réveiller quelqu'un en France pour que cette personne fouille dans nos papiers et nous envoie la copie des actes par mail. Me voilà donc en train de réveiller Papa (qui heureusement est chez nous, puisqu'il s'occupe de Paul) pour lui demander d'aller à la pêche aux papiers dans le bazar de notre bureau... Heureusement, l'état civil national colombien nous répond assez vite et nous voilà débloqués.

Nous retournons donc au contrôle pensant que cette fois, ça va aller vite. Que nenni, notre monsieur prend tout son temps, lit et relit ligne à ligne la sentencia, en tamponne chaque page (on se serait crus dans le train pour Pau !)... Bref, nous étions arrivés au contrôle à 1h... nous en sommes partis à 3h ! Et nous avons du courir pour rejoindre l'embarquement.


Le vol en lui même s'est bien passé et les enfants auront été adorables d'un bout à l'autre malgré l'heure plus que tardive et les péripéties ! Quant à Louis, il était surexcité de prendre l'avion !



10h (et 6h de décalage horaire) plus tard, nous voilà enfin à Paris !!! Il est presque 20h heure locale et nous sommes complètement déphasés mais heureux !!! Les bagages ont la bonne idée d'arriver très vite et tous en même temps, ce qui nous permet de sortir rapidement. Les portes s'ouvrent et nous découvront Grand-Père, Grand-Mère et Paul en train de nous attendre ! Le sourire de Louis en voyant son grand frère en dit long sur sa joie de le retrouver !




Les grands-parents sont tout émus ! Mais ils nous laissent gentiment profiter de notre unité familiale retrouvée en se chargent de transporter les bagages pendant que nous montons tous dans notre voiture (vive le Scenic 7 places !) pour rentrer à la maison.

L'arrivée à la maison est un autre grand moment d'émotion : Louis découvre tout émerveillé son nouveau chez lui, et surtout sa chambre, son lit, ses jouets ! Il est immédiatement à l'aise et s'installe - à 21h ! - avec ses soeurs pour jouer avec son garage et ses petites voitures ! Il est même tellement content qu'à un moment, en revenant dans sa chambre, je le trouve hilare sous sa couette !



Les grands-parents s'éclipsent pour nous laisser à notre intimité familiale (les pauvres, je crois que ma "lettre à ma grande famille" leur a fait un peu peur ! On voulait pas vous chasser tout de suite !), en ayant soin de nous avoir laissé un énorme gratin de macaroni tout prêt pour le dîner !

Puis tout ce petit monde est allé se coucher, chacun dans sa chambre. J'avais peur qu'après un mois à dormir avec ses soeurs, Louis ne veuille pas dormir seul... mais comme d'habitude il déjoue les pronostics ! Il est tellement content d'avoir quelque chose "à lui tout seul" qu'il s'endort avec une joie évidente dans SA chambre (MI cuarto).

Merci Seigneur pour cette nouvelle belle aventure colombienne et surtout pour celle qui commence en France ! Merci pour cette magnifique famille que tu nous a donnée, où chaque enfant est un vrai cadeau du ciel et où nous ne pouvons que voir le signe d'une fécondité où nous ne sommes pour rien et où, toi, tu es pour tout !

Notre appartement de Bogota

Je ne pouvais pas finir ce blog sans garder une trace de notre super appartement de Bogota, où nous avons été si bien. En fait, à chaque séjour, nous trouvons encore mieux que la fois précédente, tout en nous disant que c'est impossible de trouver mieux !

Cette fois, nous avions donc un appartement en duplex, super bien situé dans le quartier du Chico, à 2 pas de ce parc très côté de Bogota. Avec 3 chambres et autant de salles de bain, plus une chambre de service (avec sa salle de bain). Et une gigantesque terrasse !










Ca va être difficile de trouver mieux la prochaine fois qu'on ira à Bogota !

Gastronomie colombienne

Avant de clore l'épisode 3 de notre blog, je voulais quand même faire saliver ceux qui nous lisent avec quelques mots et photos sur la cuisine colombienne, dont nous avons bien profité !


L'une des choses les plus typiques de Colombie : les arepas, sorte de galettes de maïs qu'on mange soit nature, soit fourrées au fromage, soit aux oeufs. Les colombiens les mangent volontiers au petit déjeuner, mais nous, on les prends à l'apéro, version mini, avec des empanadas, dont colombiens et argentins se disputent la paternité.



Mon plat colombien préfére : l'ajiaco ! C'est une sorte de soupe épaisse de pomme de terre et de poulet, servie avec du riz et de l'avocat (pas le petit noir comme chez nous, le gros vert, infiniment plus crémeux et parfumé). Le secret de l'ajiaco, ce sont les herbes guascas qui donnent toute la saveur de ce plat. Malheureusement, on n'en trouve pas en France (elles poussent chez nous mais sont considérées comme de la mauvaise herbe et donc on n'en trouve pas à acheter).


Pour les brésiliens qui lisent ce blog, ceci est la feijoada locale : la bandeja paisa. Elle se compose de riz, de frijoles (haricot rouge), d'arepas, d'avocat, d'oeuf frit, de lard grillé, de saucisse, de boudin noir et de cote de porc. C'est très très bon... et très très copieux ! Ici, Liliana, notre cuisinière d'Anapoima, nous avait préparé une version simplifiée plus légère.


Arroz con pollo : le plat préféré de Louis ! On va dire que c'est une sorte de riz cantonnais local, avec du poulet, des petits morceaux de saucisse, des petits pois, des oignons, des herbes et des épices. C'est un plat complet selon moi, mais naturellement, la nature généreuse de Liliana lui a fait rajouter des frites et de l'avocat, pour faire bonne mesure !






Pour finir, notre plaisir toujours renouvelé : les fruits ! Ici, les fruits exotiques, ce sont nos fruits à nous (pommes, poires, vendues sous blister à pris d'or). Les marchés regorgent de fruits qui font nos délices, soit en jus (oranges, lulo, maracuja, goyave), soit coupés en morceaux (ananas, papaye, pastèque), soit à manger à la petite cuillère (grenadille). Les jus sont tellement présent dans la cuisine locale que la première chose qu'on te dit sur l'équipement d'une cuisine quand tu veux louer un appart, c'est qu'elle dispose d'une "liquadora" (un blender) pour faire les jus !

Toutes ces bonnes choses vont nous manquer ! Mais heureusement, j'ai gardé le whatsapp de notre cuisinière d'Anapoima pour lui demander les recettes de ce qui nous le plus plu !

mardi 11 décembre 2018

Ce n'est qu'un au revoir, les amis !

Ce soir, nous avons décidé d'inviter à dîner les deux familles qui ont tant donné à Louis ces derniers temps et qui l'ont aidé à grandir et à se préparer à notre arrivée ! Au fil du séjour, ce sont vraiment devenu des amis, que nous aurons plaisir à revoir, à Bogota ou espérons-le aussi, à Paris !

Philippe s'est mis aux fourneaux pour concocter - avec les moyens locaux - un dîner le plus français possible. Les convives ont été charmés et lui ont attribué 5 étoiles !

Les enfants, eux, pendant ce temps, se sont éclatés, en version bilingue ! Isaure fait des progrès impressionnants en espagnol, plus que Louis en français, il faut bien l'avouer.

Louis est heureux de revoir tout le monde, mais visiblement, tout est clair dans sa tête : il explique à tout le monde que demain, il va prendre l'avion avec Papa et Maman et "las hermanas" et il précise à Pipe, Pili et Adriana qu'ils n'iront pas avec nous !

Nous avons passé une merveilleuse soirée et c'est avec beaucoup d'émotions et quelques larmes que nous nous séparons ! Venez vite nous voir les amis, on vous attend à Paris !




Dernière visite à la Casa

Comme nous partons normalement demain (je dis normalement, parce qu'à l'heure où je vous parle, nous n'avons toujours pas le visa de Louis...), nous sommes allés dire au revoir à la Casa. Mais contrairement aux autres fois, en accord avec Barbara et Lorena, nous n'y sommes pas allés en famille, mais juste moi et les filles. Trop compliqué pour Louis de retourner là bas et de devoir dire une nouvelle fois au revoir à Lorena. Il reste donc à l'appartement, en tête à tête avec Papa.

Les filles, en revanche, sont ravies de retourner à la Casa, d'autant que nous avons rendez-vous avec Laurie, la bénévole qui s'était tout particulièrement occupée de Domitille, notamment lorsqu'elle avait été hospitalisée à plusieurs reprises pour des problèmes respiratoires. C'est donc un grand moment d'émotion de la retrouver ! Elle trouve naturellement Domitille toute grandie ! Et elle accepte de les emmener visiter toute la Casa et de répondre à leur question (elle parle un français impeccable !), pendant que je règle les derniers aspects administratifs et que je prends le temps d'échanger avec Barbara, Lorena et Susana sur les projets de la Casa.


Après avoir donné des nouvelles de Louis et de son adaptation (parfaite pour 3 semaines seulement de présence avec nous), nous évoquons donc les grands projets de la Casa pour les années à venir. C'est que, comme d'habitude, ils n'en manquent pas ! L'horizon, ce sont les 80 ans de la Casa, en 2022. D'ici là, ils voudraient avoir entièrement reconstruit et remis aux normes le siège historique de la Casa. Il faut dire qu'effectivement, il y a du travail, car on voit bien que la maison s'est agrandie au fur et à mesure des besoins, sans plan global, et sans souci à l'époque de règles d'évacuation, de sécurité incendie etc... Il y a donc pas mal de boulot... et une grosse attente d'aide de la part des associations nationales des Amis de la Casa pour mener à bien ces projets ! Il va clairement falloir une autre organisation de notre côté pour être à la hauteur de ces attentes !










 Finalement, nous quittons la Casa - à regret comme chaque fois, car c'est toujours une page qui se tourne ! - pour rentrer à l'appartement et retrouver nos hommes ! Hasta luego, La Casa ! On vous aime fort ! Merci pour ces 3 magnifiques trésors que vous nous avez confié ! Vous pouvez compter sur nous pour vous aider à poursuivre votre travail incroyable auprès des enfants !

lundi 10 décembre 2018

Lettre à ma nouvelle grande famille

Bonjour tout le monde,
Je m’appelle Louis, j’ai 3 ans et je vivais jusqu'ici à Bogotá. Ça, je sais que vous le saviez déjà ! On ne se connait pas encore mais je sais aussi que vous entendez parler de moi depuis longtemps.
Comme vous vous en doutez, j’ai déjà vécu, à mon jeune âge, tout un destin ! Si ma vie avait été facile, je n’aurai pas eu besoin qu’on me trouve une nouvelle famille à l’autre bout du monde. C’est justement parce que j’ai déjà vécu de nombreuses épreuves que je souhaite que tout se passe le mieux possible lorsque je vais arriver dans la vie de mes nouveaux parents, et dans votre vie à vous aussi.
Une chose est certaine, mes parents auront besoin de vous avant, pendant et après mon arrivée. Moi, je vais avoir besoin de vous pour le reste de ma vie, mais pas pendant les premiers mois... Je sais, c’est étrange. Une adoption, ce n’est pas tout à fait comme une naissance. Laissez moi vous expliquer pourquoi.
Dans le contexte d’une naissance, le bébé n’a pas encore vécu de mauvaises expériences lorsqu’il rencontre ses parents. Il connait sensoriellement sa maman biologique puis il va découvrir son papa puis vous doucement, tranquillement, par étapes.  Il ne vous viendrait pas à l’idée de vous imposer pour empêcher la maman de donner le sein ou de toujours remplacer le papa pour donner le biberon. Vous savez que pendant les premiers mois, le bébé a surtout besoin des soins de ses deux parents pour s’attacher solidement à eux avant de s’attacher solidement à vous par la suite.
Pour toutes sortes de raison complexes et qui ne sont pas de ma faute à moi, je n’ai pas eu cette chance de rester physiquement, sensoriellementémotivement proche de ma maman et de mon papa. Ils ont disparu dans l’univers en me laissant en grand danger, à cause du choc physique et émotif de leur disparition. Oui, mon petit corps se souvient d’avoir eu peur, d’avoir été triste au point de ne plus vouloir vivre, au point de penser que je devais être un mauvais bébé, un bébé avec peu de valeur et d’importance pour qu’on arrête ainsi subitement de me protéger. J’étais bien trop petit pour comprendre que ce sont toujours des problèmes d’adultes qui causent des abandons, pas des défaut de l’enfant lui-même. Quand je serai plus grand, je vais pouvoir comprendre que ce n’est jamais jamais la faute des bébés lorsqu’ils sont abandonnés. Ce fut une grande épreuve mais j’y ai survécu. Car oui, je suis un survivant !  Vous savez, beaucoup de bébés humains se laissent mourir quand ils sont séparés de leur première maman. Pas moi ! Mais je ne savais pas que ce n’étais pas encore fini...
Ensuite, j’ai aussi dû survivre pendant 18 mois dans des conditions de vie qu'on a essayé de me rendre les meilleures possibles. Mais même quand on s'occupait bien de moi, ce n'est pas la même chose qu'un papa et une maman. Pour survivre, j’ai sur-utilisé mes émotions de survie (colère, tristesse, peur) ce qui a nuit au développement des autres fonctions de mon cerveau, celles qui existent pour apprendre que la vie est belle (joie, plaisir, désir).   
En écrivant cela, je ne veux absolument pas que vous ayez pitié de moi. Ce qui m’est arrivé est triste, injuste, mais je ne veux pas être vu comme une victime. Je veux être vu comme un survivant qui a plein de ressources. Je souhaite qu’on me regarde avec compassion pour tout le travail que j’aurai à faire afin de reprendre mon développement et avoir enfin un vie heureuse. Je suis résiliant mais cela ne suffira pas. J’aurai besoin de mes parents et de vous. Je veux que vous deveniez mes tuteurs de résilience. Comme on met un tuteur à un tournesol pour qu’il pousse bien vers le soleil, vous serez mes tuteurs pour pousser en beauté et en santé.
Vous devez savoir que l’attachement n’a rien à voir avec l’amour. L’attachement c’est un lien fort, un lien permanent de sécurité, de confiance, de conviction, la conviction d’être tellement spécial pour quelqu’un qu’il ne vous quittera jamais. Lorsqu’un enfant est en relation d’attachement sécurisé avec son parent, il sait, il sait que son parent ne l’abandonnera jamais, qu’il répondra toujours à ses besoins et qu’il le protègera toujours des dangers. Le sentiment d’amour, pour un enfant, arrive dans son cœur et dans son âme après l’attachement comme on met une cerise sur le gâteau.
Moi, j’ai appris que j’étais petit, vulnérable, dépendant et que j’avais besoin d’un adulte pour survivre… Mais de n’importe quel adulte. Ce qui sera le plus difficile et le plus important dans mon avenir c’est donc de réussir à faire confiance et à me sentir en sécurité avec mon nouveau papa et ma nouvelle maman, à les considérer comme des adultes spéciaux, irremplaçables. Le plus ardu sera d’abord de tisser avec eux un lien d’attachement solide et permanent alors que tous les autres liens que j’ai vécus se sont coupés.  Tout mon être aura peur au début qu’eux aussi disparaissent, qu’ils ne décodent pas mes besoins et n’y répondent pas de façon rapide, chaleureuse et prévisible, qu’ils ne me voit pas comme spécial, unique, digne d’amour et d’investissement. Comment cela pourrait il en être autrement ? Jusqu’à mon adoption, je n’avais rien vécu d’autre ! J’ai appris avec courage à m’adapter, à m’ajuster mais pas à m’attacher.
Cela prendra du temps avant que je puisse me rassurer, reprendre des forces, m’attacher, m’accrocher à eux. Il faudra que ce soit eux seuls qui répondent à tous mes besoins de survie – me faire manger et boire, me consoler et me soigner- pendant plusieurs mois avant que je sois convaincu que c’est vrai, possible, réel et merveilleux. Cette étape m’est nécessaire avant de comprendre que je peux vraiment compter sur eux et qu’ils semblent vraiment aimer s’occuper de moi. Car l’attachement se tisse lorsqu’un enfant vit une détresse et que son parent apaise cette détresse. Cela devra se répéter des milliers de fois avant de s’imprimer dans mon cerveau pour toujours. 
Une fois que je serai rassuré, une fois que j’aurai senti et vécu ces liens apaisants, je pourrai confier ma vie, ma santé et ma sécurité à mes nouveaux parents. Je serai enfin disponible pour créer d’autres liens avec vous, tous les membres de ma nouvelle famille.
Je sais que ce que je vous demande est difficile et très différent de vos espérances. Vous trouverez pénible de ne pas pouvoir me cajoler, me câliner tout de suite. Cela vous demandera beaucoup de sacrifices. Vous devrez mettre vos besoins (bien légitimes pourtant) en pause pour quelques temps. .. pour  mieux reprendre ensuite, je vous le promets !
La meilleure façon de m’accueillir et de commencer à m’aimer est de respecter le cocon physique et affectif dont papa et maman m’enveloppent. Plus je serai capable de fabriquer ce lien avec eux, plus je saurai ensuite comment le faire avec vous. Ce serait au dessus de mes forces de tisser quatre, cinq ou six liens en même temps. Cela ressemblerait tellement à ce que j’ai vécu en pré-adoption que je continuerai à entretenir des relations superficielles uniquement utilitaires pour le reste de ma vie. Je sais que c’est la dernière chose que vous souhaitez. 
Alors, comment pouvez-vous m’être utile ? En prenant soin de mes parents. En leur offrant de l’aide concrète, des petits plats, de l’aide pour les courses, le ménage… En respectant notre intimité les premiers temps. Puis en faisant de courtes visites pour jouer avec moi peut-être, mais pas tout de suite pour me soigner, me nourrir, me bercer ou me garder. Je vais ainsi me laisser apprivoiser par vous, d’abord de loin comme le Petit Prince avec son renard mais sans compter sur vous pour ma survie, au moins au début.  
Puis quelques mois après l’adoption, quand mon Papa et ma Maman verront assez de signes d’attachement, ils auront besoin de répit.  YOUPI ! Et c’est à ce moment là que je me montrerai disponible pour m’attacher à vous. Vous pourrez venir me garder 30 minutes, puis une heure puis deux heures pendant lesquelles vous pourrez enfin me bercer, me nourrir, me chatouiller, me chanter des chansons, jouer avec moi, me consoler, me coucher.
 
Vous savez, pour grandir en beauté, en santé, pour apprendre à m’aimer moi-même puis pour apprendre à aimer la vie, j’aurai besoin de toute la famille. Pas tout de suite, un peu plus tard, seulement, mais pour toujours.
Donnez-moi d’abord le temps de réparer  mes blessures d’attachement avec mes deux parents. Vous m’avez attendu pendant plusieurs années. Est-ce trop de vous demander encore trois ou quatre mois ? Notre nouvelle relation en sera encore plus belle, plus forte et plus utile pour vous et pour moi. Je  vous remercie déjà car je sais que vous me comprenez mieux maintenant. Je compte sur votre expérience et votre sagesse durement acquise pour soutenir mes parents.
J’ai très hâte de vous connaître. Il parait que lorsqu’on est prêt, avoir des grands-parents, des tontons, des taties, des cousins, des cousines... qui nous aiment et qui nous gâtent est une chose formidable !
  
Louis
Lettre librement inspirée de la "lettre aux grands parents" écrite par Johanne Lemieux, psychologue québecoise spécialisée en adoption, que je trouve très juste (même si à adapter à chaque situation réelle : chaque enfant a besoin d'un temps différent pour s'attacher, et ne pas intervenir dans les soins "vitaux" n'exclut pas les visites et les jeux !). Je la connaissais depuis longtemps, mais à quelques jours de rentrer en France avec notre petit grand de 3 ans à l'histoire d'attachement bien particulière, j'ai une conscience sans doute plus aigüe des défis qu'il va devoir relever pour tisser avec nous un lien unique et précieux qui nous identifie bien comme ses parents, et pas des adultes supplémentaires qui passent dans sa vie.

samedi 8 décembre 2018

Le musée "des Cités d'Or"

Aujourd'hui, profitant des quelques jours de plus imposés par le retard du visa de Louis, nous décidons d'emmener les enfants découvrir le musée de l'or, que les filles rebaptisent immédiatement le musée des Cités d'Or. Il faut savoir en effet qu'elles ont découvert il y a quelques mois la fameuse série de dessins animés qui ont enchanté notre enfance et qu'elles ne jurent que par Estaban, Zia et Tao, les jeunes héros partis à la recherche de l'El Dorado.

Pour bien commencer, nous allons déjeuner dans notre restaurant préféré de Bogota, à l'angle de la place Bolivar. La carte est délicieuse et le cadre plein de charme.



Ensuite, direction le musée de l'or. Sa réputation de plus beau musée d'Amérique Latine n'est pas surfaite et nous, parents, qui le voyons pour la 2ème fois, ne sommes pas déçus. Les enfants sont émerveillés et on le serait à moins ! La scénographie est très bien faite, et Isaure me demande de mitrailler pour pouvoir ensuite reproduire toutes ses merveilles dans son fameux "cahier de Colombie" !









En sortant de ce petit voyage dans le temps, c'est Isaure qui a le mot de la fin "C'est ma plus belle visite de toute ma vie !" Tant mieux, ma chérie !!!

vendredi 7 décembre 2018

"La noche de las velitas" ou la fête des lumières colombienne

Ce soir, nous sommes invités par Adriana et sa famille à fêter avec eux "la noche de la velitas". Nous découvrons à cette occasion que les colombiens partagent avec nous - et plus particulièrement les lyonnais - la tradition consistant à illuminer leurs fenêtres et leurs balcons avec des bougies en l'honneur de la Ste Vierge, pour la fête de l'Immaculée Conception. La différence avec nous, c'est qu'ils le font le 7 décembre, pour les premières Vêpres de l'Immaculée, alors que chez nous, les illuminations ont lieu le 8.

Nous aidons donc Adriana à préparer des lampions puis à les installer sur le balcon...



L'allumage des bougies est vraiment, pour les colombiens, le coup d'envoi des festivités de Noël, et donne l'occasion de se retrouver en famille et entre amis, autour d'un repas. Nous restons donc dîner avec toute la famille, grand-mère, tantes, neveux... d'Adriana, dans une ambiance très chaleureuse. Philippe démontre à cette occasion qu'à défaut de le parler, il comprend parfaitement l'espagnol, puisqu'il parvient à rebondir - en anglais - sur différentes interventions sans besoin aucun de traduction de ma part.




Finalement, le décalage à fin novembre de notre voyage en Colombie aura eu du bon : quelle joie de découvrir les traditions colombiennes autour de Noël ! Pour un peu, on aurait presque envie de rester jusqu'au 25 ! (on vous rassure, on rentre avant, les billets retour sont pris pour le 12 décembre - arrivée à Roissy le 13).